Des difficultés à l’école mais pas seulement scolaires

, par L’équipe GEP

Les jeunes en grandes difficultés, s’ils sont parfois désignés par des expressions inappropriées, doivent faire face à différents types d’obstacles qui ne sont pas tous d’origine scolaire.

Pour rappel :

Ce ne sont pas des analphabètes.

L’analphabétisme caractérise en effet la situation des personnes qui n’ont jamais été scolarisées dans leur pays d’origine ou en France et qui, par conséquent, ne savent ni lire ni écrire. Or, les jeunes orientés dans la voie professionnelle sont tous allés à l’école, - en France ou dans leur pays d’origine -, même si leur parcours scolaire n’a pas toujours été linéaire.

Ce ne sont pas des non-francophones ou des « Français Langue Etrangère ».

Dans la voie professionnelle, s’ils sont souvent issus de l’immigration ou arrivés en France au cours de leur scolarité, s’ils vivent dans des familles où le français n’est pas toujours la langue maternelle mais la langue seconde, ils parviennent pour la plupart d’entre eux à comprendre et à communiquer oralement en français dans les situations de la vie courante. A ce titre, ils sont des francophones, membres de la francophonie qui unit les peuples de divers pays parlant le français.

Mais ils subissent parfois diverses difficultés qui ne sont pas toutes scolaires.

La difficulté est certes une étape nécessaire de l’apprentissage et elle peut même être un gage de réussite scolaire si les élèves parviennent à la verbaliser et à la formaliser pour mieux la dépasser. Cependant, pour certains d’entre eux, accumulant souvent depuis le primaire différents types de difficultés, il est plus difficile d’y remédier.

au niveau social :

Dans un rapport sur Le traitement de la grande difficulté scolaire au collège et à la fin de la scolarité obligatoire , les auteurs (Monsieur Hussenet, IGEN et Monsieur Santana, IA-IPR) constatent : « les élèves en difficulté sont très marqués socialement et la pauvreté est un facteur de risque majeur ». Il ressort en effet de cette même enquête, que « près d’1/3 des enfants d’inactifs risquent de sortir sans qualification » et que « 80% de l’écart entre les pauvres et les favorisés s’est construit dès l’école primaire ».

au niveau culturel :

Ce rapport met également l’accent sur « l’encadrement familial, le climat éducationnel, la qualité de la relation école/famille » qui sont aussi essentiels à la réussite scolaire.
Même si cela semble évident, rappelons que dans des familles où n’existe pas la culture de l’écrit, où le français, lorsqu’il est parlé, ne reproduit jamais la langue de l’école, où les demandes et exigences scolaires ne sont parfois ni comprises, ni acceptées, il est plus difficile, pour leurs enfants, de franchir les obstacles inhérents aux apprentissages scolaires.

au niveau cognitif et comportemental :

Une analyse effectuée dans les classes-relais et transférable pour certains jeunes de la voie professionnelle, montre qu’ils échouent souvent pour les raisons suivantes.

 Ils utilisent peu leurs connaissances de manière « flexible » c’est-à-dire en transférant ce qu’ils ont acquis d’une situation à une autre.

 Ils fixent difficilement leur attention sur une tâche car ils ne perçoivent pas le sens des expériences scolaires et la nature du travail intellectuel demandé. « Enfermés dans une logique du faire et guidés par la recherche de la réussite immédiate, ils traitent les activités scolaires sans chercher à en comprendre la signification ».

 Ils se centrent peu sur l’apprentissage lui-même, davantage guidés par « la performance, la réussite et les avantages immédiats à en retirer ou les réprimandes à éviter. »

 « Ils évitent les tâches difficiles, préfèrent celles qu’ils savent déjà faire et abandonnent au premier échec, ils dépensent beaucoup d’énergie à dissimuler leurs difficultés, à rechercher le contact avec l’enseignant ou à donner l’impression de comprendre. »

au niveau psychoaffectif :

Cette même enquête constate que ces jeunes confrontés à « l’expérience répétée de l’échec et la réprobation implicite des adultes » ont « une image peu flatteuse d’eux-mêmes, voire négative » et qu’ils « s’accordent peu de confiance, se décrivent comme peu autonomes, peu motivés et n’éprouvant que rarement la certitude de contrôler les événements et leurs résultats. »

Et certains sont déjà sur la voie de l’illettrisme.

Selon la définition proposée par l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI) en 2003, « l’illettrisme qualifie la situation de personnes de plus de 16 ans qui, bien qu’ayant été scolarisés, ne parviennent pas à lire et à comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples. Pour ces personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers, avec une insuffisante maîtrise d’autres compétences de base comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps. »

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