Dans les réflexions de notre groupe, pour échanger sur le travail personnel de l’élève, thème éminemment consensuel et transversal, nous avons dégagé une condition sine qua none : l’engagement de l’élève. Ces quelques lignes ne sont que le rendu succinct de nos observations ou réflexions auxquelles s’ajoutent quelques sites intéressants.
L’engagement scolaire qui, étymologiquement, signifie « action de lier par une convention, un contrat » (http://www.cnrtl.fr/etymologie/engagement) implique donc l’adhésion de l’élève au contrat scolaire. Comment parvenir à favoriser l’engagement de l’élève ? Quelles sont les conditions qui permettraient à l’élève de rester ou de se lancer dans cette entreprise ? Quels sont les leviers à actionner pour en faire un acte volontaire et conscient ? Ce sont ces questions que notre groupe de travail a exploré en tentant de mettre en évidence un éventail des possibilités déjà expérimentées par ses membres.
- Le numérique
La technologie met à disposition du savoir pour tous, partout, tout le temps. Si l’enseignant s’en empare, il offrira des savoirs, du travail à distance dans la proximité !
Dans la foultitude des savoirs disponibles sur les internets, l’enseignant pourra opérer une action de curation et de sélection de l’information, il pourra également proposer des travaux avant, pendant et après le temps de classe. En effet le numérique est couramment utilisé dans la classe inversée ou renversée.
Cette offre à distance se réalise dans la proximité des mœurs de nos élèves. L’enseignant provoque ainsi un rapprochement entre le monde scolaire et celui de l’élève, il favorise leur rencontre et brise les limites temporelles de la classe et assure une continuité pédagogique.
En actionnant ce levier, le professeur s’octroie également la possibilité d’interagir à distance soit par une actualisation des savoirs et travaux demandés, soit par des échanges de courriels lui permettant ainsi d’anticiper ou de prolonger le temps scolaire.
L’offre de travail peut également prendre la forme d’espace collaboratif de travail permettant la mise à disposition permanente avec une accessibilité accrue via la pénétration des réseaux de communication des élèves. Cette digitalisation ouvre les élèves aux modalités actuelles du monde du travail. Elle peut également faire passer le smartphone d’un objet de loisir à un outil de travail.
Les enseignants peuvent donc accompagner leurs élèves dans leur construction du quotidien. Les professeurs auront diminué les distances qui séparent leurs préoccupations de celles des élèves. Par cette proximité, ils y auront gagner d’une part un engagement plus aisé des élèves et d’autre part, en faisant s’approprier des outils technologiques dans une autre dimension, ils rendront leurs élèves plus à même d’appréhender leur futur.
- Les stratégies pédagogiques
Parmi nos membres, nombres d’entre nous se sont initiés et s’initient toujours à faire travailler les élèves autrement. La manière qui nous est paru la plus pertinente d’engager les élèves dans le travail est de leur proposer des activités collaboratives.
Mais pour les élèves travailler en groupe, cela ne va pas de soi, ils n’y sont pas habitués. Il faut d’abord les initier, leur proposer un cadre, les y entrainer. De nombreux écrits permettent de jalonner le travail enseignant dans l’introduction du conflit socio-cognitif en classe (cf ressources). Nous relèverons ici seulement une partie du questionnement inhérent au travail collaboratif :
– comment constituer les groupes ?
– travail collaboratif ou coopératif ?
– travailler tout le temps en groupe ?
– faut-il assigner des rôles au sein des groupes ?
– quelle temporalité individuelle vs groupe choisir ?
– quels types d’activités à proposer aux groupes ?
– comment évaluer le travail en groupe ?
Les élèves les plus en difficultés ont besoin d’être réconciliés avec les disciplines et de retrouver de la confiance en ses possibilités. Pour être réconcilié avec la discipline, l’enseignant peut orienter son travail vers la transversalité et pour ce faire opter pour la co-intervention ou la pédagogie de projet. Quant à la confiance en ses capacités, cela relève de l’image que l’élève a de lui-même. Seul un accompagnement dans la durée, permettra à l’élève de lever ses propres freins. Et pour entrer en compagnie, il faudra d’abord que l’enseignant construise un climat de confiance avec l’élève, confiance dans la personne et confiance dans ses intentions, ses ambitions. L’explicitation joue également un rôle positif, énoncer le pourquoi avant le comment afin que l’élève puisse en capacité de se projeter, de savoir où va le conduire son travail, qu’il puisse opérer un choix.
- Le changement de posture de l’enseignant
Tous les enseignants qui opérer des changements stratégiques d’importance dans leur pédagogie, on accepte une part de risque. S’ils ont opérer ses changements, c’est qu’aux questions « Qu’est ce que j’y gagne ? Qu’est ce que j’y perds ? » les plus-values du changement l’ont emportées. Mais modifier sa posture, s’est révéler un chemin souvent chaotique, parfois difficile, passer de l’orateur à l’accompagnateur n’a rien d’évident. Dans le changement du conducteur d’enseignement au passeur de savoirs, aucun d’entre nous ne ferait marche arrière !
Les apports de la métacognition envers les élèves semblent également être levier de l’engagement de ces derniers. Elle permettrait d’élargir le spectre des actions qui rendent l’élève conscient de ses façons d’interagir et donc de conscientiser ses choix. Les activités type tâche complexe adossées de boites à outils avec accès réguliers favoriseraient la réflexion des élèves sur la démarche à utiliser plutôt qu’une série de consignes. L’élève a une problématique et il doit s’interroger sur la façon de répondre au mieux celle-ci. Là encore, la posture de l’enseignant est questionnée.
Rappelons : « Tel est le paradoxe de la relation éducative ; elle requiert que l’éducateur soit perçu comme, à la fois, très proche et très lointain : assez proche pour que l’on puisse un jour devenir comme lui, assez lointain pour que l’on ait envie de devenir un jour comme lui. » Apprendre... oui, mais comment de Philippe Meirieu
- Entretiens informels
Les entretiens informels sont ces moments institutionnalisés par certains, évités par d’autres où le professeur peut fendre l’armure sans s’exposer à la classe. Dans ces moments, l’asymétrie relationnelle entre le maître et l’élève est moins évidente. Lorsque le professeur accepte de s’exposer pour créer du lien, le climat de confiance peut en être renforcé et le respect grandi par la confiance accordée à l’élève. Les entretiens informels permettent aux élèves de prendre conscience que « on est un peu comme eux ». Ils sont des occasions privilégiées pour inviter plutôt qu’imposer, de passer de l’injonction à l’acceptation et permettent à l’élève de se considérer comme une personne et de s’exercer à cette dimension relationnelle.
« Il faut prendre le temps de raconter des histoires. De s’exposer à l’autre, de lui avouer, à demi mots, notre fragilité. D’hésiter. De s’emballer. De laisser s’échapper ces petits bouts d’humanité que nous cachons si bien » Récits d’enfance de Philippe Meirieu
- Le statut de l’erreur
Le statut de l’erreur est inéluctablement à questionner dans les milieux d’apprentissage. Quelle place lui faisons-nous ? Ne faisons-nous pas trop souvent d’une erreur une faute ? Prends-t-on suffisamment en compte les acquis dans les erreurs de nos élèves ? Comment construire à partir de l’erreur de l’élève ? Alors que l’erreur est constitutive de la compréhension et de la mémorisation, qu’en faisons-nous ? Alors que l’élève se trompe aisément dans la pratique sportive ou dans celle des jeux vidéos ou dans le milieu professionnel, puis n’hésites pas à se relancer et ce dans la plupart cas, jusqu’à réussir, pourquoi ne réitères-t-il pas cette stratégie en milieu scolaire ? Qu’est ce qui fait qu’à l’école, l’élève abandonne, là où l’enfant persiste ?
Autant de question qui nous invite à interroger notre perception d’enseignant de l’erreur.
« L’apprentissage n’est pas un processus linéaire. Il passe par essais, tâtonnements, erreurs, échecs… Il y a donc pour les élèves un droit à l’erreur qui doit être reconnu et pris en compte. Le travail sur l’erreur permet d’instaurer un climat de confiance dans lequel l’erreur n’est plus stigmatisée mais devient un matériau collectif pour la construction du savoir. »
Quelques ressources
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01226767/document
https://mariusbourgeoys.ca/category/engagement-de-leleve/
https://www.reseau-canope.fr/climatscolaire/agir/ressource/ressourceId/agir-en-faveur-de-lengagement-et-de-la-motivation-des-eleves.html
https://www.pimido.com/sciences-humaines-et-sociales/psychologie/fiche/theorie-engagement-kiesler-1971-150822.html
http://scienceseducation.free.fr/1_la_theorie_de_lengagement.html
http://www.memoires-theses.com/psychologie/memoire-these/112005/effets-engagement.html
http://blog.educpros.fr/jean-charles-cailliez/tag/classe-renversee/
https://www.lagedefaire-lejournal.fr/classe-renversee-apprendre-autrement/
http://www.vousnousils.fr/2018/02/27/classe-renversee-de-david-bouchillon-mes-eleves-produisent-du-savoir-612568
http://www.dane.ac-versailles.fr/nos-projets/e-education/la-e-education-un-incubateur-de-travail-en-equipe
http://www.cahiers-pedagogiques.com/Travailler-en-ilots
https://mathsciences.ac-versailles.fr/IMG/pdf/dossier_travailler_en_ilots.pdf
https://www.reseau-canope.fr/education-prioritaire/agir/item/ressources/lerreur-une-etape-necessaire-de-lapprentissage.html
Engager une nouvelle dynamique territoriale
Favoriser l’engagement individuel et collectif