La bienveillance, une notion ?, un concept ?, un art de vivre ?, un art d’enseigner ? Retour de formation

, par S. Ben M’Barek

Un peu d’éthymologie.....
Le terme de bienveillance est utilisé largement et ce dans tous les domaines, à tel point que certains le considèrent comme l’antichambre du laxisme notamment dans l’éducation nationale, peut-être est-ce un effet de la répétition ?
Or, l’étymologie du terme de "bienveillance" souligne une « disposition favorable envers quelqu’un ». La définition du terme de bienveillance établie par Hutcheson [1] met en exergue que le principe de la vertu dans l’âme, est la bienveillance. Il définit d’ailleurs la bienveillance comme « une affection qui vous porte à désirer le bonheur de notre prochain », souhaiter le bonheur de son prochain s’apparente-t-il à être laxiste ou plutôt à tenter de trouver un canal communicationnel permettant de répondre aux attentes et aux besoins de l’autre ? La bienveillance n’est-elle pas plutôt la considération de l’autre dans son individualité et dans sa complexité afin d’établir une communication constructive et sereine permettant la productivité ?
Les points de départ.....
Ces questions, mon établissement se les ai vu soufflées par Mme Lamouret lors de son intervention dans une FIL, Formation à Initiative Locale, intitulée "Communication bienveillante et réussite". Cette formation avait pour fonction première de permettre de désamorcer les conflits tant entre pairs qu’avec nos élèves ou entre nos élèves. Or cette formation a aussi révélé qu’avant de souhaiter établir une communication bienveillante, constructive et menant à la réussite, il fallait déjà avoir pleinement conscience de soi, apprendre à se connaître afin de découvrir l’autre et maîtriser la mise en place de la communication. Le déroulé proposé pour cette formation nous a permis non seulement d’aplanir les conflits mais surtout de créer une relation de proximité. Cette relation de proximité va même au-delà puisqu’elle mène vers une certaine connivence professionnelle suggérant de mettre en oeuvre les compétences acquises lors de cette formation au sein de nos classes et de notre pratique afin de créer une connivence et une proximité pédagogiques permettant d’inscrire nos élèves dans la réussite.
L’autre : mon miroir ?
Cette formation a mis en évidence le fait que l’écoute de l’autre et de soi sont une des clefs permettant d’évoluer dans une relation apaisée et apaisante, sans malentendus et féconde. C’est d’ailleurs dans ce sens que vont les réflexions de Carl Rogers [2] ; en effet bien que nous passions beaucoup de temps à nous parler, nous ne nous écoutons pas. Or, être entendu par l’autre est d’une portée profonde ; c’est ainsi que naît le sentiment de compter à ses yeux, d’être considéré et respecté pour ce que nous sommes. Gardons à l’esprit que chacun souhaite être reconnu, légitimé par un statut d’égal à égal. Nos élèves souhaitent être avant tout considéré comme des personnes à part entière et non réduit à la simple fonction d’élève d’une classe. . Cette considération permet de parvenir à une « rencontre de personne à personne ». Rogers souligne l’importance de cette écoute constructive du sens et de l’être « Que ses propos soient superficiels ou profonds, j’écoute celui qui s’exprime avec tout le soin, toute l’attention et toute la sensibilité dont je suis capable. » Lorsque cette attention existe, la communication s’établit et elle conduit à son tour à une meilleure compréhension.
Une clef : l’écoute........
Écouter, une action, un geste trop peu usité, menant le plus souvent par sa mauvaise utilisation au conflit et aux tensions. Cependant ce mauvaisusage peut être évité comme le suggère Jacques Salomé [3] "Quand je me sens écouté, je peux enfin m’entendre. Quand je me sens écouté, je peux entrer en reliance. Établir des ponts, des passerelles incertaines entre mon histoire et mes histoires, relier des événements, des situations, des rencontres ou des émotions pour en faire la trame de mes interrogations pour tisser ainsi l’écoute de ma vie. Oui, ton écoute est passionnante. S’il te plaît, écoute, et entends-moi. Et si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant que je puisse terminer et je t’écouterai à mon tour, mieux, surtout si je me suis senti entendu. "

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